Sous l’Ancien Régime, le choix des prénoms est restreint. L’Eglise veille et exerce son contrôle, et les parents ne peuvent pas choisir n’importe quel prénom.

Le Catéchisme du concile de Trente (1545-1563) prescrit d’imposer à l’enfant baptisé « un nom qui doit être celui de quelqu’un qui ait mérité, par excellence de sa piété et de sa fidélité pour Dieu, d’être mis au nombre des Saints, afin que par la ressemblance du nom qu’il a avec lui il puisse être excité davantage à imiter sa vertu et sa sainteté ; qu’en s’efforçant de l’imiter il le prie, et qu’il espère qu’il lui servira de protecteur et d’avocat auprès de Dieu pour le salut de son âme et de son corps » . Pour faire court, les prénoms doivent faire partie du martyrologe chrétien. (Source : P. Daumas, Familles en Révolution, chap. VI, Entre contrainte et liberté : le choix des prénoms.)

Pour choisir les prénoms de leur progéniture, nos ancêtres avaient plusieurs possibilités :
– donner leur propre prénom, dans un souci de continuité générationnelle. C’est pour cela que plusieurs frères et sœurs pouvaient porter le même prénom ou qu’on redonnait au nouveau-né le prénom d’un frère mort avant sa naissance.

Il est remarquable, dans le Sud-ouest, que tous les frères ainsi que toutes les sœurs portent le même prénom : par exemple,  trois frères Jean et trois sœurs Marie font partie de la même fratrie Clément en Lot-et-Garonne !

– donner les prénoms de leurs aïeux (ceux des grands-parents de l’enfant), pour la même raison que pour le prénom des parents

Et c’est ainsi que l’on trouve « Jean fils de Jean, lui fils de Jean, filleul de Jean…

– donner le prénom du parrain ou de la marraine de l’enfant.

Quand les différents parrains portent le même prénom, les enfants se voient attribuer ce même prénom !

– donner le prénom d’une personnalité de la paroisse (dans ce cas, ladite personnalité était souvent le parrain ou la marraine)

– donner le prénom d’un saint local, du saint du jour

Par exemple, phénomène très fréquent en Languedoc avec le saint local, Fulcran(d), évêque de Lodève au Xème siècle, ou bien en Poitou avec le prénom de Radegonde, sainte patronne de Poitiers (519-587), épouse de Clotaire Ier (fils de Clovis).